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mercredi 27 juin 2018

C’est l’hiver dans l’hémisphère sud, il faut donc remonter vers le Nord !

Après avoir fait les pleins de gasoil, de gaz et de bananes nous avons quitté les Gambier pour le premier atoll des Tuamotu, dans lequel un voilier peut entrer.

Hao, situé à 465 NM, au nord-ouest des Gambier. 3 jours de navigation, avec un départ à 8 h le jeudi 21/06. Les prévisions nous annoncent un vent du Sud-Est tournant à l’Est. Assez faible le premier jour mais nous prenons tout de même cette fenêtre météo car l’hiver est là, les dépressions du Sud sont de plus en plus fréquentes, les températures ont baissé, les périodes de grand vent se succèdent, l’atoll est troublé par la houle qui saute le reef et les pluies sont généreuses. Pas d’hésitation il faut y aller.

C’est exactement à 8 h 20 que l’ancre sera relevée. Pour sortir du lagon il faut plus d’une heure et nous nous rendrons compte que le vent, plein arrière, est faible et que seul le moteur pourra nous faire avancer. Le problème est qu’il faut se présenter à la fin de la marée montante pour entrer dans la seule passe de Hao et quand le soleil est haut. Il faut donc arriver vers 10 h, la marée étant haute 2,30h plus tard. Pour connaître les heures des marées, partout dans le monde, nous utilisons l’application Ayetides, gratuite sur iPad. Nous garderons le moteur pendant 14 h, avant que le vent ne se lève est passe plus Est. D’abord de 15 nds mais l’angle étant favorable nous avancerons bien entre 6 et 7 nds. Puis trop vite, à plus de 8  quand le vent passera à 20/22 noeuds. Nous avons dû réduire, 2 ris dans la grand voile et rouler le génois d’un tiers pour ne pas arriver trop tôt et devoir attendre en faisant des ronds dans l’eau. Seayousoon affiche maintenant plus de 20000 NM, soit plus de 36000 km.

Au petit matin nous longeons l’atoll de Hao qui fait 27 NM de long mais il faut être à 5 NM pour l’apercevoir. Les îles sont plates, si elles ont des arbres il est possible de les distinguer plus facilement. Nous passerons d’ailleurs à proximité d’atolls inaccessibles, sans passe d’entrée, sans les voir. Il n’y a même pas de phare pour les signaler. Heureusement que nous avons un système de navigation avec GPS et des cartes précises. Sans ces outils la zone est dangereuse, les îles sont moins hautes que la houle.

En arrivant devant la passe il est facile de voir que le courant sortant est fort. Il se produit des vagues courtes, un bouillonnement qui s’étend sur plusieurs centaines de mètres après la sortie de la passe. Ici le phénomène est appelé mascaret. Les cartes préviennent que le courant de sortie peut être supérieur à 16 nds les jours suivants les périodes de fort vent de Sud-Est. La houle passe au-dessus du reef, remplit le lagon qui se vide par la passe en face, côté Nord.

L’impression est quelque peu angoissante. Le catamaran Taronui, que nous avons suivi depuis les Gambier faisait des ronds dans l’eau quand nous sommes arrivés devant la passe. Contacté par VHF il nous a confirmé qu’il fallait attendre encore. Au deuxième passage Mimi a mis le bateau dans la veine visible de courant afin d’en estimer la vitesse, sans pour autant aller trop en avant et pouvoir faire demi tour en toute sécurité.
Le courant semblant manœuvrable nous nous sommes engagés dans la passe. Au plus fort le courant contraire était de 4,5 nds. Notre moteur nous permet une vitesse de 7 nds et nous laisse de la marge. Néanmoins l’adrénaline coulait à flot. Le capitaine s’est remémoré des situations similaires, quand en moto tout terrain il faut franchir un obstacle naturel. On l’observe puis on pense que « ça doit passer...? » Ce n’était pas toujours le cas !...

Là pas de problème, il faut rester attentif et rester manœuvrant avec si possible de la ressource disponible. Le capitaine de Rapanui nous dira plus tard qu’il était soulagé de nous voir passer devant, sans encombres. Il s’est mis dans notre sillage en relevant que le courant avait déjà baissé, par rapport à nous, quelques minutes plus tôt. Cela confirme que les meilleures conditions sont dans l’heure qui suit la marée haute.

Nous avons retrouvé nos amis de Island Coyote qui nous ont guidé par VHF jusqu’à la marina abandonnée par l’armée après son départ. Le catamaran Wakame s’est gentiment déplacé pour que nous puissions nous mettre dans une zone avec suffisamment de fond pour nous.

L’accueil fut très sympathique, Les équipages de Coyote et Wakame sont venus prendre l’apéro sur Seayousoon. Puis nos amis ont ramené ce qu’il fallait pour un déjeuner improvisé et fort sympathique. Après ce moment convivial tout le monde s’est éclipsé pour nous laisser récupérer, par une bonne sieste, de nos 3 nuits de navigation et des quarts qui vont avec.

C’est la fête à Hao, comme dans toute la Polynésie. On célèbre le Heiva . Des cabanes en tresses de palmier, ou de pandanus ont été érigées par certains des habitants, qui le temps de la fête  se transforment en restaurateurs ou animent des salles de jeu. Nos amis dont 2 familles  sont enseignants ici nous ont guidés vers le meilleur restaurant. Poisson cru de toutes les manières, délicieux, copieux et pas cher.
Pendant ces fêtes les restaurateurs occasionnels n’ont pas l’autorisation de servir d’alcool. Les habitués amèneront donc des bières, cachées dans un sac et servies discrètement sous la table. Avec une serviette en papier ni vue ni connue.... Pas tout-à-fait car la patronne nous a signalé que nous étions des rebelles ...avec un large sourire !!!

Le long du quai les souris et les rats de palmier sont nombreux et certains bateaux ont été investis par ces rongeurs qui se sont empressés de grignoter la voile dans le lazzy bag où les câbles électriques dans un coffre. Pour éviter cette invasion nous fermions toutes les ouvertures. Les Coyotes sont partis le 26, du coup nous sommes allés au mouillage, loin des souris, des moustiques et mieux ventilés.

Bien que l’ile soit plus petite et moins habitée que Rikitea aux Gambier, les magasins sont plus grands et bien mieux achalandés. Pourtant le niveau de vie paraît moins élevé. Il n’y a plus d’activité perlière et la ressources principale de l‘île est constituée pour une bonne part par les emplois au collège et à l’école primaire, l’exploitation de la coco, et des coquillages ( uniques aux Tuamotu)Un internat existe pour les enfants venant des petits atolls sans école.
Il semble qu’il n’y ait pas d’activité de pêche, peut être parce que la passe se trouve loin du village, plus de 7 NM ?
Nous resterons ici une petite semaine avant d’aller sur un autre atoll en espérant que le temps soit plus clément qu’au Gambier pour aller plonger. Ce que nous n’avions pas pu faire.

En France vous êtes en été, nous sommes en hiver et peut-être aurez vous aussi chaud que nous...?

Que le soleil soit avec vous.

Michel Marty
Seayousoon
+33 6 86 42 23 97
seayouaroundtheworld.blogspot.fr

lundi 11 juin 2018

Cours de cuisine Polynésienne

Cette semaine nous sommes allés sur l'ile Aukena. Cela semble simple
pour y aller et en fait ça ne l'ait pas du tout.
Les Gambier sont réputés pour leur perles et le lagon compte un grand
nombre de fermes perlières. Ces fermes ont donc disséminé entre les
îles des quantités de bouées utilisées pour la culture des perles de
nacre. Certaines soutiennent des capteurs d'essaims, d'autres les
huîtres qui développent leur perle, à partir d'un greffon de nacre. La
couleur de ce greffon détermine la couleur de la perle. Ce qui a fait
la réputation des Gambier, il y a plus de 20 ans, est sa perle couleur
or.... Nous espérons pouvoir visiter une ferme afin de comprendre ce
qui s'y passe et vous le raconter.
Pour traverser le lagon il faut donc éviter toute ces bouées, les
hauts fonds et les patates de corail. L'exercice est toujours
impressionnant. Heureusement, dans le mouillage circule un fichier des
traces enregistrées par un voilier il y a quelques années. Nos
connaissances nous passent la clef USB et nous la passons à nos
amis....
Fort de cette trace nous pouvons aller sur tous les mouillages du
lagon. Toutefois, il est préférable de le faire avec une bonne lumière
et bien orientée. Si le soleil est en face de nous, l'eau n'est qu'une
tâche brillante. Par contre s'il est assez haut et derrière nous il
est facile de voir les différences de couleurs en fonctions de la
profondeur. Bleu marine plus de 10 m, bleu turquoise 8 à 3 m, bleu
presque blanc on ne passe pas avec 2,10 m de tirant d'eau et marron
présence de corail. La détermination de la possibilité de passage
n'est évidente dans le corail. Pour bien la distinguer il faudrait un
guetteur perché au niveau des barres de flèches. Ce n'est pas trop le
truc de Nini de naviguer à plus de 10 m au-dessus du pont...!
Pour ce rendre à Aukena depuis Rikitea, nous longeons donc les hauts
fonds qui relient Rikitea à Aukena et restons dans la zone des 10 à 4
m. Avec l'habitude et quand la lumière est bonne l'angoisse des
premières fois s'estompe, mais il faut rester vigilant.
En 1 heure nous sommes donc arrivés devant la plage d'Aukena, un bel
endroit où nous ferons encore une rencontre comme la Polynésie semble
savoir nous réserver.
Bernard et Marie-Noëlle, lui est natif des Gambier, elle est
Tahitienne. La moitié de l'ile appartient à la famille de Bernard, ils
y élèvent des chèvres et des cochons. En liberté sur la plage nord de
l'ile pour les premiers et sur les hauteurs de l'ile pour les
deuxièmes. Autour de chez eux il y a de nombreuses poules, un coq
aussi splendide qu'apprivoisé, un cheval, 2 chiens, 3 chats. Une
barque bien motorisée pour la pêche quelques anciennes habitations
comme hangars et leur maison légèrement en hauteur par rapport à la
plage pour se protéger des cyclones, rares ici mais il y en a eu. La
maison est d'ailleurs faite pour résister à des vents supérieurs à 200
km/h.
Nous avons rejoint 3 autres bateaux, Greencho avec Laurence et Pierre,
Cachueira avec Juliette et Jacky et Wallis avec Julian. Juliette et
Jacky ont passé 3 ans dans les canaux de Patagonie, pour les autres
nous avons le même parcours et nous connaissons Laurence et Pierre
depuis 2 ans. Nous avions passé quelques mois entre Curaçao et Bonaire
en visites des îles et plongées splendides.
La veille de notre arrivée, Jacky et Pierre sont allés à la chasse à
la chèvre avec Bernard et ses chiens. Ces derniers débusquent la bête,
un bouc de plus de 60 kg, qu'il faut attacher solidement et porter
jusqu'à la maison dans un environnement difficile, fait de barres
rocheuses de plus de 5 m et à travers des ronces qui laisserons des
traces aux apprentis chasseurs. L'expédition semble avoir été
éprouvante pour les voileux... Bernard lui est bien entraîné et rigole
des difficultés qu'ils ont rencontrée.
Le jour de notre débarquement le bouc a donc été tué, le sang
récupéré, des morceaux réservés pour un immense couscous et le reste
mis dans le congélateur de nos hôtes.
Tout le monde participe et les femmes suivent une véritable formation
à la cuisine polynésienne. Le premier plat sera le boudin de bouc !
Mélange du foie, des rognons, du sang, sel, poivre, oignons et ail
pour donner un plat succulent. Les boudins ne sont pas formés, le plat
est servi directement dans la cocotte et tout le monde s'est régalé
après un test d'abord prudent... la viande est cuite et longuement
mijottée dans une grosse cocotte sur le feu de bois, managé de main de
maître par Julian.
Toutes ces préparations prennent du temps et c'est à 15 h que nous
passerons à table, plus affamés les uns que les autres. Mais c'est
rassasiés et ravis que nous quitterons la table après le coucher du
soleil.
Rendez-vous est pris pour le lendemain, au programme la coco et l'arbre à pain.
Nous avons donc appris à enlever la fibre de la noix de coco, la
casser en 2, la râpée et en extraire le lait de coco. Ce lait de coco
sera utiliser pour faire cuire doucement une épaule et quelques côtes
du bouc tué la veille. Toujours avec du lait de coco et des goyaves
sera fabriqué la chicha, un alcool local de 10 à 15 º. Nous n'avons
pas pu goûter car la préparation demandé que nous restions quelques
jours de plus. Par contre nous avons goûter ce qui ressemblait à de la
confiture en préparation en trempant des morceaux du pain au lait de
coco que les filles ont fabriqué. Une tuerie ! Pour accompagner le
bouc au lait de coco des fruits de l'arbre à pain ont été cuit dans la
braise, directement dans leur peau. Après cuisson la peau est enlevée,
ouille ça brûle ! Le fruit est alors mis dans un linge, le noyau est
enlevé et la chair est malaxée en tapant dessus avec le poing.
Quelques salades assaisonnées façon polynésienne pour nous mettre en
appétit et après nous nous nous sommes vraiment régalés avec le bouc
au lait de coco et la purée d'arbre à pain. Goûteux, fondant, un régal
inoubliable !
Avant de finir la journée nous avons suivi le cours sur la préparation
du taïoro. Toujours à base de la coco râpée, à laquelle il est ajouté
le jus des petits crabes de plage écrasés. La chasse aux crabes, à la
tombée de la nuit a été un grand moment. Pas facile mais Nini a
excellé. Sur les 5 elle en a eu 2, 2 pour Marie-Noëlle et 1 pour
Juliette. Il faut 1 crabe par noix de coco. La préparation est
recouverte de larges feuilles d'arbre et gardé dans le four non allumé
la nuit. Le lendemain matin nous reviendrons pour finir cette plat
typique en y rajoutant du sel, de l'ail et des oignons. Pendant la
nuit la préparation a fermenté et Marie-Noëlle nous en a donné un plat
en précisant qu'il fallait arrêter la fermentation dans 1 heure en la
mettant au réfrigérateur. Le vent devant passer au Nord le mouillage
devant Aukena n'est pas recommandé aussi nous avons rejoint Rikitea
avec des images, des saveurs et des fous rires inoubliables.

Que le soleil soit avec vous.




Seayousoon

lundi 4 juin 2018

Le calme, le silence, la beauté, l’accueil, la gentillesse, le partage !

Les Gambier, un paradis bleu et vert.
Lorsque l'on va sur une autre île que Mangareva, où est blotti le village Rikitea entre la montagne et le lagon, ce qui marque le plus c'est le silence. Un silence épais, palpable, reposant, calmant. A peine troublé par le vent léger qui fait frémir les feuilles des arbres ou tintinnabuler les drisses qui tapent sur le mât. La première île où nous sommes allés est Taravaï. Juste habitée par 4 familles. L'une d'entre elles, Valérie et Hervé, a un sens de l'accueil hors du commun. « Nous n'avons pas l'argent pour voyager, aussi nous faisons venir les voyageurs à nous » nous ont-ils dit après nous avoir accueillis sur la plage devant leur maison. Tous les dimanches ils organisent un grand barbecue où tous les plaisanciers voyageurs sont conviés. Nos hôtes, comme les voyageurs mettent en commun viande, poissons, salades, gâteaux, boissons. Hervé, avec l'aide de son voisin Jean, lance le feu et fait cuire tout ce qui a été amené et posé sur une grande table mis à disposition par les propriétaires de cet endroit magique. Tout le monde picore et goûte à tout. Valérie avait préparé un ragoût de porc, façon cassoulet fameux ! Français, Allemands, Américains, Suédois, Suisses, New Zélandais, Belges, de 30 à 77 ans. Sur la douzaine de bateaux la moitié battent pavillon français. Les discussions vont bon train en français ou en anglais. Tu viens d'où, where are you going, depuis quand navigues-tu, how long you'll stay here, comment s'est passé la traversée, how many days,....? Hervé et Valérie, attentionnés, veillent à ce que tout le monde soit bien, participe et profite du moment présent. Après le repas certains jouent à la pétanque, d'autres s'initient au palais vendéens. Puis dans l'après midi des parties de volley-ball endiablées se joueront jusqu'à la nuit. Après un dernier verre chacun rentre à son bateau en annexe. Pas facile car les têtes de corail à fleur d'eau n'apparaissent pas dans la nuit noire, bien que la pleine lune nous éclaire très bien et suffisamment pour pouvoir repérer la route que nous avions suivie à l'aller.
Superbe et mémorable dimanche à la plage de Taravaï.
Le lendemain nous sommes retournés chez Valerie et Hervé pour profiter de ,eux jaardin extraordinaire. Papaye verte, bananes, oranges acides, citronnelle, basilic sauvage, romarin et pour parfumer le bateau des branches de ylang-ylang, orchidées araignées et fleur de tiaré....