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mardi 9 janvier 2018

Bye bye la Colombie

Notre petite communauté de la marina de Santa Marta a décidé de partir vers les San Blas le jeudi 14/12. 2 jours avant il faut faire la demande de la zarpe, le document de sortie émit par les douanes. Avec Seayou, Free Bird et La Mère Veilleuse nous nous retrouvons au bureau de la capitainerie pour les formalités, récupérer notre zarpe, le relevé des compteurs d'eau et d'électricité pour payer la facture. Le prix est équivalent à ceux de France, 1280 € pour 45 jours, soit 28,50 €/jour. Heureusement que nous sommes au mouillage 10 mois sur 12.

Nous avons pris l'option de descendre avec étapes. La première Puerto Velero à 60 MN. Navigation sans problème avec un vent de 15 à 25 nds grand largue, soit 3/4 arrière. Grand voile entière et génois au début, puis après quelques départs au lofe et un empannage involontaire nous avons pris 2 ris dans la GV. La vitesse est restée correcte et suffisante pour arriver avant la nuit. Nous étions partis de la station diesel à 7 h 10. A l'entrée de la baie le banc de sable à contourner est bien signalée et à peine l'ancre accrochée les Gardes Côtes viendront très amicalement nous contrôler. Le mouillage est immense, très bien protégé de la houle, un peu moins du vent. Bonne tenue du fond, nous ne mettrons pas longtemps à nous endormir après cette journée de reprise en mer. La deuxième étape est l'archipel de Rosario, un peu au Sud de Cartagena. Départ prévu à 6 h afin d'arriver avant la nuit. Hélas nous nous rendrons compte que les poulies de la pentoire, celles fixées sur l'arceau, sont cassées et ont pratiquement coupé l'écoute de grand voile. Les poulies de rechange en fait ne peuvent pas être utilisées car le diamètre du trou de fixation est trop petit ! Damned ! Après 1 h de tentative nous prendrons la décision de laisser la GV au repos et de naviguer qu'avec le parasailor. En fait nous partirons 1 h 30 après les amis et pour arriver avant la nuit il va falloir cravacher, il y a un peu plus de 60 MN. Au sortir de l'immense baie de Puerto Velero nous aurons des rafales à 27 nds, pas question de continuer à envoyer le parasailor. Sous génois seul nous tenons 7 à 8 nds. Les vagues se forment de plus en plus, Seayousoon part en surf sur celles un peu plus grosses et bien orientées. Nous atteindrons une vitesse de pointe de 16 nds sur un surf extrême ! Waouh impressionnant, Seayousoon vibre de partout, se couche un peu sur son tribord, la bouée fer cheval saute de son support, la mer coule à flot sur le passavant. Ça ne dure que quelques secondes qui paraissent bien longues.  Puis le jeu se calme. Tout rentre dans l'ordre et nous n'aurons plus de surf de cette ampleur.
La mer le long de la côte Colombienne est rarement bleue.

Elle est très souvent verte, puis vire au jaune aux embouchures des rivières. Celles-ci drainant des multitudes branchages ou morceaux de bois, voir des troncs entiers. La vigilance s'impose !

A 30 MN de l'arrivée le vent baisse à 5 / 10 nds et les vagues sont bien calmées après le changement de direction au cap de Punta Coralito, où nous avons dû empanner et se retrouver plein vent arrière. Les conditions sont idéales pour le parasailor. Grâce à lui nous conserverons une vitesse d'au moins 6 nds.
Cartagena passé sous parasailor.

Malgré ça nous sommes quittes pour arriver de nuit. Le bateau Seayou est arrivé le premier et de jour. Par VHF il guidera les 3 autres bateaux qui arrivent à quelques minutes d'intervalle. C'est en pleine nuit que nous jetterons l'ancre. Pas trop proche de la côte de l'ile Rosario car il y a plein de patates de corail. Très vite nous nous rendons compte que la chaîne s'enroule autours des patates de corail. Cela garantie la tenue du mouillage, mais abîme un peu le corail. Nous passerons encore une bonne nuit et le lendemain nous pourrons jouir de la beauté du paysage qui nous rappelle les Aves. 
L'eau est claire, mais toujours un peu verte. C'est vrai que la mangrove n'est pas loin. Il paraît que la Colombie est le pays des émeraudes. C'est plus joli de penser que ce sont ces pierres précieuses qui colorent l'eau...
Du fait de la proximité de la mangrove, hier soir, nous aurons pas mal d'insectes volants, peu de moustiques mais des grosses mouches, façon taons ! Armés d'une chaussure nous les avons vaillamment repoussées du cockpit.
Petite baignade et débloquage de la roue à aubes du lock, coincée par de petits coquillages qui s'y sont incrustés dans les eaux de la marina. Impossible donc d'avoir notre vitesse sur l'eau, ni la vitesse du vent vrai. Celle-ci étant calculée à partir de la vitesse du vent apparent, de son angle et de la vitesse du bateau sur l'eau.
Puis bricolage pour Michel afin de changer les poulies cassées. Foret, pince étau, perceuse, DW 40 pour lubrifier, le cockpit est transformé en atelier. Après 1 bonne heure la GV retrouve un état de bon fonctionnement.
Palmes, masque, tuba pour aller voir si il n'y a pas de petites bêtes à corne qui vaillent le coup de sortir le harpon. La promenade sera bien agréable mais rien à tirer. Nous mangerons encore de la viande.
Escalopes de porc façon forestière, accompagnées de riz aldenté. Un régal !
Après tout cela sieste obligatoire. Puis les amis, plus courageux que nous ont mis leur annexe à l'eau et sont venus à tour de rôle papoter un moment.
En fin d'après midi un point météo est prévu sur Seayousoon. Michel au préalable aura récupéré les fichiers grib et calculé la route optimisée afin de déterminer le meilleur moment pour partir, et rallier Obaldia, le premier port d'entrée au Panama, juste au début du territoire des San Blas.
Nous avons 130 MN à parcourir, soit environ 21 h. Un coup de vent arrive dans la nuit, un peu atténué pour nous par la côte colombienne, puis va se calmer dans la matinée. A 11 h nous devrions avoir un vent léger qui va monter après 2 ou 3 heures tranquillement vers 10 15 nds et des vagues inférieures à 2 m.
Les conditions devraient donc être bonnes, sauf peut-être dans la dernière partie où le vent va tomber en dessous de 5 nds et nous obliger à finir sous moteur les 3 ou 4 dernières heures.

Le vent a bien commencé doucement. Les Seayou sont partis vers 9 h et Free Bird les suivra rapidement. Sur Seayousoon nous avons prévu de partir à 11h. Il fait toujours aussi beau, et nous prenons le temps de nous baigner.
Départ comme prévu, on envoie le parasailor. Michel pensait l'avoir bien rangé. Pourtant il faudra s'y prendre à 2 fois. La première il faisait des tours sur lui même et la bosse de la chaussette était complètement emmêlée. Le temps de tout remettre en ordre et de recommencer nous prendra pratiquement 2 heures. Un record de cafouillage ! Un présage aussi....
Une fois encoyé c'est un régal. Avec un vent de 7/8 nds Seayousoon taille bien sa route en avalant la houle, sans trop d'embardées. Le vent monte progressivement pour atteindre 15/20 nds. Maintenant la vitesse reste supérieure à 7/8nds, toujours dans des conditions de mer correcte. Les vagues ne sont pas supérieures à 2 m.
En fin d'après midi le vent monte encore d'un cran. Cette fois les rafales dépassent les 23 nds. Le parasailor va bien, le bateau reste stable à une vitesse étblie à 9 nds.
La météo n'annonçait pas ce niveau de vent. Bien que cela semble stable nous prendrons la décision de passer une nuit calme sous génois seul. La vitesse devrait chuter mais pas descendre au-dessous de 6 nds.
A 18 h Michel va sur l'avant, Nicole se prépare à gérer les écoutes et les bras. Pour affaler il faut descendre la chaussette avec le bout qui va habituellement bien. Cette fois impossible, c'est bloqué. Malgré ses efforts Michel ne la descendra pas plus de 1 m.... Il en reste une quinzaine. Le vent ne faiblit pas, le parasailor claque à l'horizontale au bout du mat. Seayousoon ne perd pas de vitesse, çà tire encore très fort. Un coup de moteur pour faire baisser le vent apparent.
Hélas depuis notre problème de deventement, où nous l'avions déchiré nous ne sortons pas la grand voile en même temps. Dommage car elle aurait pu nous servir à déventer le spi. Pendant plus d'une heure nous essaierons en vain et pour finir par le laisser traîner dans l'eau. Opération de chalutage en quelques sortes ! Les efforts sont encore clossaux, malgré le moteur au ralenti. Aïe attention il passe sous le bateau ! Pas le temps d'arrêter le moteur, il cale ! Pas bon ça ! Puis en tirant de toutes ses forces Michel fini par récupérer un demi parasailor ! Le reste continue son opération de chalutage. Il nous faudra 1 h d'efforts monstrueux pour finir par tout récupérer. C'est vanés, éreintés, trempés, les doigts brûlés, que nous irons le mettre dans la salle de bain. Heureusement le moteur s'est dégagé, il tourne normalement, ouf !
À boire !
Puis nous déroulerons le génois, arrêtons le moteur pour trouver calme, tranquilité et repos. Nicole ira dormir pour 3 heures. Nous ferons le débriefing demain pour tenter de comprendre ce qui c'est passé.
Espérons que les morceaux récupérés pourront être cousus afin de le reconstituer....?

Nous arriverons après 23 h de n'a viation au port d'entrée au Panama, Obaldia. Les guides nous ont présenté ce village comme un des points les mieux achalandés du territoire des indiens Kuna, les San Blas.
Le village est particulièrement paisible, pas de voiture, pas de moto, pas l'ombre d'un vélo. Les enfants montent dans une lancha, équipée d'un tau et de 2 moteurs de 200 CV pour aller où revenir de l'école. Moment délicat car la baie est particulièrement agitée. La mer est forte en ce moment et les rouleaux se brisent assez violemment sur toute la plage. Seul un petit espace est un peu plus calme, où tous les bateaux vont prendre ou laisser leurs passagers. Sportif et parfois humide !
Les formalités seront faites en 3 heures, nous aurons à faire à des gens sympathiques et souriants, mais pas pressés. Nous nous l'étions, mais en fait, on se demande bien pourquoi. Rien ne nous presse et en plus nous avons de petits contacts bien sympathique avec d'autres personnes en attente, venant des pays limitrophes.

Le lendemain matin, après une nuit bien secouée par le mouillage très rouleur, nous avons hâte de lever l'ancre pour aller dans des endroits plus calme. Alors que nous discutions, à la VHF, entre les 3 bateaux, quelqu'un c'est adressé à nous en anglais pour nous demander de l'aide. En fait son annexe dans la nuit à cassé son amarre et s'est retrouvé sur la plage de galets, comme nous avons pu le constater. Heureusement Seayou avait la veille mis son annexe à l'eau pour les formalités et elle n'était "plus" qu'à décrocher. Toujours périlleux avec des vagues de 1 m quand l'annexe passe sous le bateau...!
Les 3 capitaines iront donc à terre pour récupérer l'annexe de l'irlandais. Une fois à pied d'oeuvre il nous annonce qu'il a le palud et mal au dos et donc il ne peut rien porter ! L'annexe et le moteur pèsent environ 80 kg, plus les rames, la nourrice, l'ancre et la chaîne, soit un total de plus de 100 kg à 3. Il faut tout porter sur 500 m mal pavés. Impossible de la mettre à l'eau au milieu des forts rouleaux qui éclatent. Heureusement un jeune indien pas épais mais très costaud et encore plus gentil s'est proposé de nous aider. C'est donc à 4 que nous commencerons le portage. À la première pose je dis à l'irlandais de prendre au moins la nourrice... À la pose suivante je lui demande de prendre l'avant alors que Serge et moi en profitons pour reculer un peu et soulager Manu et le local qui portent le côté moteur ! Il a commencé par nous dire qu'il ne pouvait pas, puis qu'il ne pouvait pas laisser la nourrice,.... Nous commencions à la trouver un peu forte et ne lui avons pas laissé le choix. En fait c'est le cas social que l'on rencontre quelques fois sur des petits bateaux pas entretenus ou mal. Ils vivent des aides de leur pays, chômage, allocations diverses et variées suivant les cas. Ne sont jamais en règle car ils ne peuvent pas payer les formalités, leurs bateaux ne sont que très rarement assurés, même pas de RC, d'ailleurs nous avons interdit la collision avec eux...!

Après cette épisode de bons samaritains nous lèverons l'ancre pour partir à la découverte des San Blas.....

Nous vous raconterons tout, mais les nouvelles ne seront pas fraîches quand vous les recevrez. En effet il n'y a pas internet et comme à Obaldia il n'y a pas de carte SIM en vente nous n'aurons pas accès à la 3 G, jusqu'à ce que nous puissions en acheter une...?

Que le soleil soit avec vous.


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