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lundi 21 mai 2018

27 jours et 4 h de transpacifique !

Après une dernière journée de navigation bien compliquée nous sommes arrivés aux Gambier, contents de l'avoir fait et heureux d'être là.

Les 35 dernières heures nous les avons faites avec un appui du moteur, alors qu'il y avait 20 à 27 nds de vent. Mais ce vent était de face, avec des vagues de 3 à 4 m à escalader toutes les 8 s et un courant contraire de 1,5 à 2 nds. La météo prévoyait une dégradation dans la soirée et les jours à venir. Nous voulions absolument arriver le 16/05 avant la nuit. Hélas le courant n'était pas de cet avis et pour nous aider nous avons donc garder le moteur plus longtemps que nos oreilles le supportent.
Dans l'après-midi du 16/05, entre 2 nuages du grain qui nous chahutait quelque peu, nous avons aperçu les 2 sommets des Gambier. TERRE ! TERRE !
Il y a des montagnes sur l'île principale de Mangareva. Tout est bien vert, la végétation est luxuriante. Même les îles au ras de l'eau sont couvertes d'arbres. Le fait qu'il faudra ancrer sans visibilité, a un peu terni la joie de voir une terre après 27 jours de mer, dans une des zones les plus désertiques de notre planète.
Il y a trois passes pour entrer dans le lagon. Nous avons choisi celle du Nord-Ouest qui nous paraissait la plus appropriée compte tenu du vent et de la mer venant du Sud-Est. En effet la passe n'a pas posé de problème, nous n'étions pas loin de l'étal de la marée, donc avec un courant pas trop important. Quelques minutes après le coucher du soleil il nous restait 8 NM de chenal pour trouver un mouillage temporaire. Seules les 2 premières bouées sont éclairées, Saint Navionix aidez nous, donnez nous notre route libre de tous obstacles ! Nous avions repéré sur la carte un mouillage facile d'accès, pas trop loin du chenal pour y ancrer Seayousoon de nuit. Dans un environnement de rochers, hauts fonds et patates de corail l'exercice est toujours angoissant. Le mouillage était rouleur mais de bonne tenue. Après un apéro pour fêter notre arrivée, un bon repas et la mise en route de l'alarme de mouillage, nous nous sommes vite endormis. Après, toute fois, l'envoi d'une bonne quinzaine de SMS pour informer de notre arrivée. Hélas, l'iridium qui est aussi pratique que les premiers GSM n'en a pas distribué la moitié. La nuit précédente avait été particulièrement courte, nous n'avons pas mis longtemps pour nous vautrer dans les bras de Morphée. Un voilier qui est arrivé 1 h après nous et que nous avions repéré sur l'AIS nous a contacté par VHF pour savoir si nous étions ancrés correctement avec de la place pour eux. Il s'est guidé sur notre feu de mouillage pour se mettre sur notre tribord. Pour partir le lendemain il a dû plonger pour dégager son ancre ou sa chaîne. Nous apprendrons un peu plus tard que leur chaîne a cassé, laissant l'ancre au fond. Grace à une deuxième ancre, ils sont allés au village de Rikitea, en annexe, pour chercher de l'aide et récupérer leur ancre. L'activité du village est essentiellement la culture des perles, aussi les plongeurs n'y manquent pas. Petite angoisse quand, à notre tour, nous avons lever l'ancre. Tout s'est très bien passé pour nous. Après que le soleil soit suffisamment haut pour distinguer les hauts fonds ou les coraux à fleur d'eau nous avons donc rejoint Rikitea. Là le mouillage est parfaitement protégé, d'ailleurs il faut slalomer entre les obstacles pour l'atteindre. L'approche se fait en toute sécurité car elle est parfaitement balisée. Le mouillage est assez profond, 15 à 20 m. Heureusement nous avons trouvé de la place où la profondeur est de 15 m. Avec 65 m de chaîne Seayousoon tient bien.
Pendant la dernière approche nous avons entendu un appel VHF pour Seayousoon. C'était Silvio un très sympathique jeune homme rencontré au chantier de Grenade où il refaisait sa caisse de bord en travaillant sur l'électronique des bateaux. Puis c'est Gaëlle qui nous faisait des grands signes de bienvenue sur le pont de Balanec. Ça fait chaud au cœur d'être accueilli par ses amis après 27 jours d'isolement.
Le calme que dégage ce petit village, propre et coquet, vaut ce grand voyage. Les navigateurs des bateaux voisins, connus ou pas, sont venus nous souhaiter la bienvenue, en nous offrant des pamplemousses énormes, gros comme des melons, goûteux et sans amertume. Comme en Colombie ! Même Michel en mange ! Il y a beaucoup de pamplemoussiers sur les îles de l'atoll. Les gens qui en ont dans leur jardin, ou des bananiers, invitent les voyageurs à se servir ou leur en offre des sacs entiers. La gentillesse des autochtones n'est pas une légende. Le village Rikitea compte 1580 habitants.
Quand nous sommes allés à terre pour faire les formalités d'entrée nous nous demandions si nous serions capable de marcher. La réponse est oui mais pour un marathon ou même 1/4 de marathon il va falloir s'entrainer un peu !
Nous avons donc navigué 27 jours et 4 h depuis Panamà City, et parcouru une distance de 4289 NM, soit 7720 km, à la moyenne de 6,57 nds ou 11,82 km/h. C'est pas si mal et pourtant un char à bœufs va aussi vite ! La route directe est longue de 3837 NM, c'est donc 452 NM de plus que nous avons effectués pour éviter les zones sans vent ou les écarts de route obligatoires quand le vent est trop de face. Malgré cette petite rallonge de 11 % nous avons utilisé le moteur pendant 104 h et consommé 210 l de gasoil. Des amis nous ont dit être restés à la dérive, à sec de toile, pendant 72 h sans le moindre souffle d'air. Quand les réserves de gasoil sont au plus bas il n'y a pas autre chose à faire que d'attendre.
Nous n'avons pas eu de casses ou pannes importantes. L'hydrogénérateur a nécessité de raccourcir le câble abîmé et supprimer la prise corrodée. La bosse de tension de la bordure de grand voile a cassé. Le guide de sortie du tambour de la bosse de l'enrouleur de génois s'était desserré suite à la casse du support de la première poulie guide. Nous avons vidé une bonne partie d'un réservoir d'eau dans la salle de bains avant qui a débordé dans la cabine et rempli les fonds. Le filet des masques et tubas, suspendu à un crochet, en bougeant a accroché la poignée du robinet de douche qui s'est ouvert. Le temps que l'on s'en aperçoive plusieurs dizaines de litres ont été perdus. Heureusement que nous fabriquons notre eau sans problème grâce à l'énergie que nous donne l'hydrogénérateur. Une fuite de gaz nous a vidé la bonbonne US puis une butagaz avant que l'on trouve la fuite. En fait un raccord à la vanne d'arrêt sous l'évier était complètement desserré. Heureusement que nous avons des réserves. Pour changer les bouteilles il faut ouvrir le coffre à gaz sous la plage de bains. Quand la plage est fermée la trappe n'a pas assez d'espace pour s'ouvrir. Heureusement il est facile d'enlever les charnières et enlever la trappe.
Dans le frais il nous reste 2 tomates, des petits choux blancs, 1 kg de patates, des oignons, des poivrons et de l'aïl, du beurre, 40 œufs, 2/3 du jambon cru. A Rikitea il faut attendre le bateau de la semaine prochaine pour s'approvisionner en frais. Rassurez vous les équipets sont encore bien chargées.
Nous n'avons pas utilisé le parasailor de 140 m2 car nous n'étions pas assez au portant. Le spi asymétrique, de 162 m2 n'a été envoyé que 5 ou 6 fois et à chaque fois pour des temps assez courts. Quand il y'a 15 noeuds de vent ces voiles sont trop grandes pour être envoyées et les vitesses atteintes sont suffisantes, cela a été le cas 10 jours d'affilé. Par contre le gennaker de 99 m2 a souvent été envoyé et pour de longs moments, même de nuit. Avec lui nous gagnons entre 1 à 2 nds par rapport au génois. Sa surface plus petite que les spis acceptent facilement des rafales à 18/20 noeuds. Sa plage d'utilisation se situe entre 35 et 85º du vent apparent.
La météo que l'on récupère, tous les 2 jours, par l'iridium permet de choisir la route à bon escient. L'aide apportée par notre ami Fifi le P'ti Routeur et les réflexions que nous échangions sur le sujet par SMS, toujours grâce à l'iridium, est un plus indéniable. Les fichiers grib que nous récupérions ont des zones limitées et les prévisions sont réduites à 3 jours. Cela pour minimiser les temps des communications. Fifi lui avait des vues beaucoup plus larges et plus lointaines dans le temps. Ainsi les stratégies sont plus faciles à élaborer.
Quand on ne charge pas la mule et bien elle n'est pas chargée ! Quand on ne boit pas une goute d'alcool, sauf pour le passage de l'équateur, notre anniversaire de mariage et celui de Michel, que l'on ne fait pas de repas trop riches et bien les silhouettes s'affinent. Nous avons perdu du poids, pas besoin de balance pour le constater.
Nous sommes en forme, pas de fatigue hors du manque de sommeil des dernières 48 h, à cause d'une météo difficile et le premier mouillage des Gambier où nous avons été bien chahutés.
Encore 3 ou 4 jours de rangements, de nettoyages, d'entretiens et de contrôles avant d'aller visiter et profiter des îles de lagon, plongées, baignades, farniente.... Et c'est mieux également d'attendre le passage du bateau ravitailleur.
Merci de nous avoir suivis et de vos sms d'encouragement. Le wifi, dans cet endroit magnifique mais un peu reculé du monde, n'est pas très performant et pas accessible depuis le bateau. Il va vous falloir un peu de patience, les photos arriveront bientôt....ou peut-être avant !

Que le soleil soit avec vous.

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